«Je voyage à travers le monde maintenant et je passe par plusieurs bibliothèques, en partie pour faire des événements, et en partie parce que je les aime», a-t-elle raconté dans la langue de Shakespeare devant dignitaires et invités, jeudi matin, au parc Coldbrook situé à l’arrière de la bibliothèque privée.

«C’est décourageant de voir combien sont fermées. Elles sont fermées en partie en raison d’un manque de soutien de la communauté, mais majoritairement en raison d’un manque de soutien gouvernemental. C’est pourquoi c’est si rassurant de voir l’implication de Lac-Brome et du gouvernement du Québec. Peut-être aussi que les bibliothèques ont été incapables de se renouveler et de grandir. Elles sont restées dans le paradigme du passé.»

Si elle n’avait pas flâné dans les allées poussiéreuses, exiguës et sombres des bibliothèques de son enfance, peut-être ne serait-elle pas devenue cette auteure qui fait vivre mille aventures à des millions de lecteurs. Elle se désole de voir ces lieux de savoirs aujourd’hui dépérir et croit que leur avenir passe par l’audace. 

À la fine pointe 

Et, à Lac-Brome, l’audace passe par la diversification des services.

Le rez-de-jardin, situé du côté du parc, sera bonifié de plusieurs pièces pour tenir des sessions de travail, des rassemblements, mais aussi pour accueillir dignement les enfants et les adolescents. Ces derniers pourront non seulement trouver le style de lecture qui leur plait, mais aussi des ordinateurs pour s’adonner à la programmation et à des jeux vidéos.

Les adultes ne seront pas en reste. La section de livres pour adultes sera plus grande. Un espace café a été intégré dans les plans, de même qu’une section pour les journaux et les magazines, près du mur extérieur entièrement fenestré.

Les parents pourront notamment consulter, en prenant un café et en gardant un œil sur les enfants, leur quotidien préféré. 

Pour les plus technos, un MédiaLab à l’avant-garde des technologies d’aujourd’hui et de demain est prévu. Un MédiaLab est un lieu qui s’intéresse à la technologie et au numérique. On pourrait, par exemple, y trouver une imprimante 3D pour réaliser une création.

Enfin, une terrasse se déploiera sur cet agrandissement, qui devrait se terminer en 2023.

Ne manque que 1,5 M$

La conférence de presse permettait de lancer officiellement la campagne de financement qui mènera à la première pelletée de terre. 

Déjà, la campagne silencieuse a permis de recueillir des dons et des engagements de dons d’un peu plus de 1,4 M$ auprès de la communauté, sans même qu’il y ait eu de la promotion. Il ne reste qu’à amasser 1,5 M$ pour atteindre l’objectif final. 

Le budget du projet s'élève à 5,3 M$, dont 3,2 M$ seront dédiés à la construction de l’aile moderne et la rénovation du bâtiment du 19e siècle. Les deux autres millions de dollars constitueront une réserve pour les opérations, qui seront plus nombreuses et plus onéreuses, explique Leslie K. Jonas, trésorier du conseil d’administration, homme d’affaires et président de la campagne de financement.

Devant la popularité de la campagne dans la dernière année, alors qu’elle n’était pas officiellement lancée, il est persuadé que l’argent manquant sera amassé d’ici la fin de 2021.

Les élus de la Ville de Lac-Brome ont promis de délier les cordons de la bourse municipale pour investir 1 M$ dans le projet. Déjà sollicité, le ministère de la Culture et des Communications devrait également participer avec une enveloppe de 1,3 M$. 

«J’ai assisté a une réunion en janvier 2020 et nous avions reçu un engagement verbal, souligne M. Jonas. Ils ont des barèmes pour évaluer les bibliothèques et la nôtre se situe à la hauteur de tous les barèmes. Alors nous sommes très confiants.»

Quant au gouvernement fédéral, la bibliothèque ne répond pas à tous les critères pour obtenir de l’aide financière pour la rénovation du bâtiment patrimonial. Une demande a tout de même été envoyée, mais le conseil d’administration doute qu’il obtienne un coup de main.

Un succès

Selon Leslie K. Jonas, le succès de la bibliothèque rurale repose sur sa collection, qui est autant anglophone que francophone. 

«La bibliothèque est un peu spéciale, confie-t-il. D’abord, elle est privée et il n’y en a presque pas au Québec. On a environ 32 000 livres dont la moitié est en français et l’autre moitié en anglais. Dans la province du Québec, nous avons la plus grande collection de livres anglophones en dehors de Montréal. Nous attirons des francophones et anglophones qui aiment lire des livres dans la langue dans laquelle ils sont écrits.»

La bibliothèque rejoint des lecteurs vivant dans un bassin de population qui dépasse les 50 000 personnes. Elle a par exemple des membres qui viennent de Magog.

Le projet permettra donc d’offrir une expérience plus conviviale, plus complète. La bibliothèque commémorative Pettes deviendra un lieu de rencontres et d’échanges. 

Sans oublier que l’agrandissement s’intègrera au projet de place publique dans les cartons de Lac-Brome depuis quatre ans. Ce projet est encore en statu quo, mais la Ville est encouragée par l’enthousiasme des citoyens et le conseil d’administration de la bibliothèque.